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 Thomas Féat publié le 28/12/2012 à 19:35

Avec le départ à la retraite de son dirigeant emblématique, Ratan Tata, le groupe indien ouvre un nouveau chapitre de sa très riche histoire. L'Expansion.com revient sur la fulgurante ascension de cette entreprise familiale devenue colosse mondial.

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Ratan Tata et son successeur, Cyrus Mistry.
Ratan Tata et son successeur, Cyrus Mistry.
REUTERS/Vivek Prakash

Ratan Tata, patron du conglomérat qui porte son nom, aussi réservé qu'emblématique, a tiré vendredi sa révérence après vingt et un ans de bons et loyaux services. Avec l'arrivée de son successeur, Cyrus Mistry, un nouveau chapitre s'ouvre pour cet empire multi-sectoriel issu il y a un siècle et demi d'une petite filature de coton. L'Expansion.com revient sur l'une des plus formidables success story du XXe siècle.

Au commencement: du coton et de l'acier

Le groupe Tata naît en 1859 de la vision d'un homme, Jamsetji Nasawanji Tata, communément désigné comme le père de l'industrie indienne. A l'âge de 29 ans, le jeune homme, éduqué au prestigieux Elphinstone Collège de Bombay, fin connaisseur de la culture britannique, convertit une huilerie de la ville en filature de coton. L'entreprise, qui rencontre un grand succès, l'incite à s'agrandir. Il se lance dans la construction d'une deuxième usine, à 900 kilomètres de la mégapole, dans la ville de Nagpur.

Dorab Tata succède à son père en 1904, et lance la diversification du groupe. Il construit les premières aciéries indiennes dans la ville de Jamshedpur, futur bastion de l'empire industriel. Pionnier de la réglementation sociale du travail, le dirigeant introduit dès 1912 la journée de 8 heures dans ses usines, bien avant l'Occident, le congé maternité dès 1928, et l'intéressement des salariés aux profitsde l'entreprise en 1934.

Ratan Tata, artisan de la mondialisation

Rien ne destinait cet architecte de formation, petit-fils adoptif de Jamsetji à prendre un jour la tête de l'empire familial. Rappelé d'Amérique en décembre 1962 par Jehangir Ratanji Dadabhai Tata, alors tout puissant dirigeant de la holding, le jeune Ratan débute sa carrière au sein de la division acier du groupe, à Jamshedpur. Ses qualités managériales sont rapidement reconnues, et, en 1971, il est nommé à la tête de la National Radio & Electronics Company Limited (Nelco), pôle high-tech du conglomérat. Sous sa direction, l'entreprise alors en grande difficulté financière, voit ses parts de marché bondir de 18% en quatre ans.

En 1991, plus de cinquante ans après avoir pris la direction du groupe, JRD Tata annonce son départ à la retraite. Désigné comme héritier légitime, Ratan est nommé président-directeur général de la holding, Tata Sons. Cette nomination intervient à un moment crucial: le gouvernement du Premier ministre Narasimha Rao entame alors un vaste chantier de libéralisation économique (via notamment la baisse des droits de douane, jusqu'alors prohibitifs) pour tenter de résorber la crise monétaire qui frappe le pays. Profitant de l'ouverture du marché national, Ratan Tata amorce l'internationalisation du groupe, décrit à l'époque comme "un dinosaure endormi".

Pour ce faire, le nouveau dirigeant renforce la participation de la holding dans ses filiales, et nomme à leurs têtes de jeunes patrons entreprenants en lieu et place des caciques de la première heure. Le groupe, extrêmement diversifié, est restructuré en sept divisions distinctes: informatique et ingénierie (Tata Consultancy Service), alimentaire (Tata Global Beverages), matériaux (Tata Steel), services (Tata Teleservices), énergie (Tata Power), automobile (Tata Motors) et chimie (Tata Chemicals).

Quand l'Indien s'offrait les fleurons britanniques

Le rachat en 2000 des thés anglais Tetley pour 538 millions de dollars, perçu par de nombreux observateurs comme un pied de nez à l'ancien colon, marque le début d'une spectaculaire vague d'acquisitions pour le conglomérat. Cette dernière est à son paroxysme en 2007 et 2008 avec le rachat du sidérurgiste anglo-néerlandais Corus pour 13 milliards de dollars et des constructeurs Jaguar et Land Rover pour 2,3 milliards de dollars. Au cours de la décennie, Tata s'impose comme le premier exemple de réussite mondialisée pour une multinationale du Sud, et son patron devient l'un des hommes d'affaires les plus influents du monde. En 2005, le magazine Forbes lui décerne le titre de businessman de l'année, et en 2006, le Premier ministre britannique Gordon Brown le désigne comme membre fondateur du Conseil consultatif pour les affaires économiques internationales.

Sous la houlette de Ratan Tata, le chiffre d'affaires du groupe Tata a été multiplié par treize pour atteindre 75 milliards de dollars, dont 60% sont réalisés à l'international. Le conglomérat bat aujourd'hui pavillon dans plus de 80 pays et emploie plus de 450 000 personnes. Ses 31 sociétés cotées représentent une capitalisation cumulée de 67 milliards d'euros. Il est devenu le deuxième producteur de thé au monde, le quatrième constructeur de camions et l'un des dix grands sidérurgistes de la planète.

Tag(s) : #Pays émergents
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